jeudi 22 mai 2014

Agroécologie à Milly-la-Forêt : il faut faire simple !


Il y a des dimanches après-midi pluvieux où l'on ne regrette pas d'avoir échangé un peu de temps de loisirs contre un rendez-vous citoyen autant que bucolique.

C'est en effet en ce dimanche 11 mai que faisaient halte à Milly-la-Forêt les caravanes pour la défense d'une agroécologie paysanne (voir article du 10 mai 2014). Une trentaine de personnes se pressaient à la ferme (plus exactement dans le fournil) de Véronique BOULNOIS et Thibault MARIEN pour rencontrer ces ardents défenseurs d'une conception de l'agriculture que l'on s'étonne de ne pas être universelle tant sont évidents ses impacts sociaux, sociétaux, environnementaux et surtout sanitaires.

La première chose à dire est qu'il s'en fallut de peu pour que le lieu de rendez-vous fut rejeté hors des frontières milliacoises, compte-tenu des difficultés à trouver un espace d'accueil.

Étonnant, vous direz-vous, alors que notre bonne ville, berceau des simples, semble être le lieu idéal pour recevoir quiconque défend une certaine idée de l'agriculture traditionnelle et de ce qui va avec : savoir-faire ancestral et qualité et ce, d'autant que le maire, François ORCEL, avait, en octobre 2011 signé un engagement pour la reconnaissance des alternatives aux pesticides à l'occasion de la fête des simples à Vassivières (voir ici)

Pas si étonnant, répondrons-nous, lorsque l'on sait que cette initiative ne fit pas l'unanimité du Conseil Municipal dont les préférences de certains membres penchent clairement en faveur d'une agriculture productiviste, donc intensive et peu économe en engrais chimiques, pesticides et autres joyeusetés.

Mais carrément étonnante fut la réaction officielle du Conservatoire National des Plantes, refusant que le site soit « monopolisé » pour les caravanes avant d'avouer que de toutes façons, « le conservatoire ne fait pas de politique ».

Quelle belle illustration des fantasmes alimentés par les mots « caravane » ou « Confédération paysanne » ! A elle seule, elle permet de mesurer le chemin qui reste à parcourir pour la diffusion au grand public d'une information libre et objective.

Cerise sur le gâteau : l'irruption d'une voiture de gendarmerie dans la cour de la ferme, d'où surgit un fonctionnaire zélé, s'attendant probablement à devoir affronter une jacquerie des temps modernes. Il dut repartir frustré d'avoir raté une si belle occasion de montrer ses muscles à la collègue féminine qui l'accompagnait. Indépendamment du caractère finalement comique de cet épisode (la mouche et le marteau-pilon aurait écrit La Fontaine), il n'en reste pas moins que des ordres avaient été donnés, et ça, c'est moins drôle.

Mais revenons-en au fond de l'histoire, ce qui est finalement le plus important, c'est à dire une rencontre ô combien intéressante avec Véronique BISSARDON, Jean-François LIPHOUT (ASPRO PNPP), Jean SABENCH (Confédération paysanne), Jean-Luc JUTHIER (ASPRO PNPP), Gérard ERIPRET (Les Amis de la Terre), sans oublier nos hôtes Véronique BOULNOIS et Thibault MARIEN ainsi que Thomas ROCHE , nouvellement installé à proximité. 

Jean-François LIPHOUT, Véronique BISSARDON et Jean-Luc JUTHIER
 
Les « caravaniers » dressèrent deux heures durant un tableau clair de la situation : le risque énorme de la « privatisation du vivant » par la confiscation des savoirs et pratiques paysannes au profit de quelques multinationales brevetant à tout va et rejetant ainsi dans l'illégalité les agriculteurs traditionnels produisant, utilisant et vendant des préparations naturelles peu préoccupantes (PNPP).

Le purin d'ortie est devenu emblématique de cette question. A l'instar de nombreuses autres préparations naturelles, celui-ci a de tout temps été reconnu comme un pesticide efficace. Or, la réglementation impose au producteur d'obtenir une AMM (Autorisation de Mise sur le Marché), au même titre que les pesticides chimiques  dont les puissants producteurs (Monsanto, Bayer, Syngenta...etc) ont l'ambition de monopoliser le marché (voir le dossier ici). Le résultat est ubuesque : alors que l'impact désastreux sur la santé des produits phytosanitaires n'est plus à démontrer (ce que confirme le plan Ecophyto de réduction des pesticides chimiques), ce sont les préparations naturelles qui sont hors-la-loi : deux mois de prison ferme et 75 000 € d'amende pour les contrevenants ! (Lire aussi l'article du Républicain de l'Essonne)

Le combat de l'association ASPRO-PNPP est de faire retirer les PNPP de cette réglementation (résumé ici), d'où l'idée des caravanes dont la dernière étape était l'Assemblée Nationale à Paris le lendemain, lundi 12 mai, et la remise d'une liste d'amendements au rapporteur de la loi d'orientation agricole actuellement en cours de discussion et qui repassera en deuxième lecture le 23 juin. Tous les détails de cette journée sont disponibles sur le site de l'association (ici). Voir aussi la lettre de remerciements et le communiqué de presse d'ASPRO PNPP.

Les sujets de préoccupation concernant l'avenir de notre agriculture, donc de notre alimentation et de notre santé, ne manquent pas. Propriété des semences et OGM cachés (voir ici) constituent également des sujets majeurs et nous ne manquerons pas d'en reparler.

Pour l'heure, en attendant avec espoir le contenu définitif de la loi d'orientation agricole, nous resterons sur l'excellent souvenir de cet après-midi du 11 mai.
Convivialité, simplicité, sincérité, conviction, toutes les composantes d'une force tranquille au service du bien commun … de quoi nourrir notre optimisme et notre volonté de soutenir ce combat exemplaire dans lequel, comme cela fut souligné lors du débat, la mobilisation citoyenne peut (et doit) jouer un rôle d'appui non négligeable. Les bonnes raisons ne manquent pas, ainsi que l'évoquait en conclusion Jean-Luc JUTHIER : « Il faut s'indigner, c'est bon pour la santé et c'est médicalement prouvé ! »

A bientôt pour la suite …

Merci à Véronique BOULNOIS et Thibault MARIEN pour l'accueil et le pain, à Schahrazed KAID (Biocoop Avon) pour les confitures, à Audrey BOURSICOT Terres de Liens) et Sylvain PECHOUX (Les Champs du Possible) pour la diffusion de l'information.
et pour finir, une idée pour le week-end de Pentecôte : Orties folies à Urçay (Allier) les 7, 8 et 9 juin prochains. Informations : 04 70 06 92 69 et sur le site de l'association « Ortie et ses amies les plantes sauvages »

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