lundi 30 mai 2016

LETTRE CRÉDULE AU PRÉSIDENT


Pauline MÉTAIS est une milliacoise attentive la vie de son pays, à son environnement, à la façon d'exercer sa citoyenneté. Elle a pris pour habitude de mettre par écrit son ressenti sous forme d'une lettre au président.

La dernière en date, datée du 15 mai est directement liée à l'actualité que l'on sait. 


Le 15 mai 2016

Objet : "Si voter changeait quelque chose, il y a longtemps que ce serait interdit." Coluche

Monsieur le Président, 

Je m'appelle Pauline, j'ai 27 ans. Citoyenne française parmi tant d'autres, et plus largement citoyenne du monde, je me permets de vous écrire une nouvelle fois. Mais cette fois, je n'attends plus de réponse de votre part; ni de votre cabinet. En effet, j'ai trop longtemps cru naïvement, que vous autres, politiciens, œuvrez chaque jour en faveur du mieux pour le peuple. Et la mise en scène est totale: jolis costards, jolies phrases, jolies promesses. Mais à ce jour, ma déception, qui est à la hauteur de ma désillusion est telle que ce courrier n'est plus un appel, mais comme il est gratuit et a le mérite de me soulager, alors je ne vais pas m'en priver.

Ce jour, votre gouvernement a eu recours à l'article 49.3 de la Constitution pour adopter,de force, la "loi travail", et peu importe si le peuple français est dans la rue. 
Ainsi, ce jour, j'ai décidé que je ne voterai plus. Ni pour vous. Ni pour vos anciens camarades de classe de la dite opposition. Et ce n'est pas par manque de civisme, de négligence, ni de désintérêt. J'ai décidé que je ne serai plus un pion dans votre jeu politique, qui n'a pour seul but que de servir les intérêts financiers de votre classe et d'assouvir votre soif de pouvoir. Alors, puisqu'il serait indécent de me renvoyer à mes devoirs de citoyen, et que j'en ai encore le droit, je ne vous offrirai plus ma voix. 

L'école m'a menti. Elle m'a fait croire que nous avions la chance de vivre dans une démocratie, acquise non sans mal au cours de l'histoire, tandis que d'autres pays souffrent de diverses dictatures. Elle m'a fait croire que voter avait son importance, qu'une voix valait une voix, et que s'abstenir était une faute. Il ne s'agit finalement que d'une démocratie représentative qui ne représente en aucun cas le peuple. Vous sortez tous des mêmes grandes écoles où vous apprenez à manier les mots de sorte à séduire le peuple afin de mieux l'utiliser. La classe politique que vous incarnez ne ressemble pas au peuple, ni même de loin.Vous êtes des professionnels, n'ayant sans doute jamais connu la précarité, le SMIC, la banlieue ni le chômage, avec des salaires indécemment supérieurs au salaire moyen des français; vous cumulez de façon insolente des mandats comme pour élargir votre pouvoir décisionnaire, et ironie de la chose, vous nous faites croire que vous agissez pour notre bien, comme les forces de l'ordre face aux manifestants pour notre sécurité. 

Ce jour, vous avez fait quelque chose de grave. J'ai le sentiment très amer d'avoir été trahie. Vous avez étouffé ma voix et celle de milliers de citoyens français dans la rue. Je ne croirai plus en votre république désormais. En revanche, je continue de rêver à une vraie démocratie où les lois seraient décidées PAR le peuple (des volontaires tirés au sort par exemple) et POUR le peuple. Je sais que cela serait possible, ne nous faites plus croire le contraire : Vous ne savez pas plus que nous autres. 

Sur ce, je ne vous souhaite pas spécialement une belle journée, Monsieur le Président.

Pauline MÉTAIS 

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